mardi 19 novembre 2013

The man from Earth (2007) ★★★★★




L'histoire :

Après 10 années d'enseignement à l'université, John Oldman déménage. Il invite des amis, essentiellement d'autres enseignants, à un après-midi de détente et un pot de départ et il confronte ces amis à l'hypothèse selon laquelle il serait né il y a 14,000 ans en tant qu'homme des cavernes et aurait traversé les âges et les civilisations. Qu'il s'agisse d'une idée sérieuse ou d'un défi pour mettre à l'épreuve le thème de son prochain roman, ses amis vont essayer de se frotter à cette idée et de trouver la brèche qui prouvera l'erreur dans l'hypothèse avancée par Oldman..


Mon avis :

Les 10 premières minutes génèrent une sensation désagréable de film amateur sans mise en scène, mais compte-tenu du reste de cette critique, je recommande de prendre son mal en patience pour digérer l'introduction maladroite. Heureusement, cette sensation disparait rapidement pour laisser place au coeur de l'histoire avec une interprétation et une mise en scène bien meilleures. Les arguments avancés pour défier l'hypothèse d'Oldman peuvent être difficiles à évaluer intellectuellement si vous les considérez avec attention, mais cette démarche n'est pas nécessaire. Ce qui est vraiment brillant dans ce film, c'est la dynamique qui se met en place dans les interactions des personnages : interactions pychologiques, émotionnelles, sociales. Et bien que les personnages soient tous relativement creux, leur seule présence catalyse la dynamique de groupe et contribue au déroulement de l'histoire. Le scénario original, le cadre atypique d'un salon en cours de déménagement et la dynamique de groupe justifient une note de 5 étoiles (sur 5).

lundi 18 novembre 2013

Bouche-trou

J'ai commencé à rédiger un article de taille conséquente qui absorbe beaucoup de mon temps et qui n'est pas encore prêt. Bien que je n'ai aucune obligation de publier tous les jours, j'entends publier régulièrement. C'est pourquoi j'avoue que les critiques de films serviront régulièrement de bouche-trous quand je manque de temps.

Le bon côté des choses, c'est que j'ai déjà regardé et rédigé des critiques pour de nombreux films y compris des nanards et j'ai en réserve au moins 50 bons films dont je pourrai mettre la critique en ligne sur ce blog.

Réjouissez-vous donc car je vous épargnerai les critiques des nanards et bouses cités ci-dessous :
15 minutes
Against the dark
Antitrust
Azumi 2: death or love
Bells of innocence
Black water
Born to raise hell
Bully
Death bell
D.E.B.S.
Dekker the trucker
Doing hard time
Dongeons & Dragons
Dragnet
Dragon fighter (celui-ci est bien grave!)
Duelist
Fight night
Gryphon
Hackers
Hunting Piranha
King rising
Lake Placid 2
L'employé du mois
Le bon, la brute et le cinglé
Legion
Lost Colony
Messengers 2: the scarecrow
No speed limit (aka Dolphin)
Resident evil afterlife
Red sands
Red water
Seven pounds
Showdown at area 51
Splinter
The restless
The Fifth Commandment
The doors of time
The circuit
The cottage
The devil's tomb
The green hornet
The last airbender
The prophecy 2
The raid: redemption
The terror experiment
Undead
X cross

Pour aujourd'hui, CECI fera office de bouche-trou. Prochainement, il y aura donc des critiques de bons films sur ce blog.

Edit du 29 août 2018 : La finalité de ce blog ayant changé tout récemment, là, comme ça, il y a quelques heures... vous retrouverez une critique des nanars précités sur ce blog prochainement. Youpi !

dimanche 17 novembre 2013

L'échelle Bayart




Benjamin Bayart a présidé French Data Network (FDN), le plus ancien des fournisseurs d'accès à internet en France depuis 1997 jusqu'à il y a quelques mois.

Plus qu'un simple directeur, il a agi en tant qu'activiste pour promouvoir les libertés citoyennes sur internet ainsi qu'une vision du réseau des réseaux qui se veut fidèle à la structure d'internet : un réseau non-centré où chaque noeud est égal aux autres noeuds. On pourrait décrire cela par le terme de "neutralité des réseaux" mais cette expression a été dévoyée et sa signification a évolué suite aux efforts de nombreux gouvernements pour restreindre les libertés individuelles dans le cyber-espace.

Quoiqu'il en soit, dans ses conférences (voir cette vidéo de YouTube) Bayart a présenté une échelle décrivant la progression de la participation des usagers au bien commun qu'est internet, depuis de simples consommateurs jusqu'aux organisateurs de communautés. Cette échelle a reçu un écho favorable auprès des communautés de bloggeurs et de forummeurs sous le nom d'Echelle Bayart et elle se découpe comme suit :

  1. L'Acheteur
  2. Le Kikoolol
  3. Le Lecteur
  4. Le Râleur
  5. Le Commentateur
  6. L'Auteur
  7. L'Organisateur de communautés


L'Acheteur

L'acheteur est quelqu'un qui croit qu'il a acheté internet. Pour cette raison, il exige des réponses à toutes ses questions et il pense que tout lui est dû. L'acheteur ne perçoit pas que les personnes qui répondent à ses questions sont d'autres internautes comme lui-même, des personnes qui consacrent du temps et des efforts gratuitement pour aider un comparse internaute.

Une seconde catégorie d'acheteur existe qui utilise internet principalement pour faire en ligne les mêmes choses qu'il faisait hors ligne comme les courses de supermarché, l'achat de billets de train, etc.

Le Kikoolol

...un mot provenant de "kikou", une déformation de "coucou" propres aux adolescents, et de LOL, l'abbréviation synonyme de "je me marre". Le kikoolol envoie des présentations PowerPoint de blagues ou contenant des photos osées par email et assome ses amis de messages insensés sur les réseaux sociaux.

Le Lecteur

Le lecteur est un internaute qui a modifié ses habitudes de lecture pour s'adapter à la publication en ligne. Le changement de paradygme tient dans l'accès à plusieurs sources d'informations et à la comparaison de ces sources. Une telle démarche est rarissime chez les consommateurs de presse en format papier. Confronté à des informations qui entrent en conflit avec ses connaissances, le lecteur ira confronter cette information au récit qui en est fait dans une édition de bord politique différent pour se construire une représentation plus juste de la réalité. Le lecteur développe ainsi son sens critique.

Le Râleur

Le râleur ne fait pas très attention à ce qu'il lit, mais il a un besoin irrépressible de s'opposer à l'information et de partager son mécontentement, surtout en lettres capitales. Il ne s'intéresse pas aux réponses qui sont faites à ses affirmations même lorsque ces réponses démontrent l'erreur du râleur. Et puisqu'il se fiche des réponses qui sont faites, il ne se rend probablement pas compte que d'autres râleurs sont passés avant lui et qui ont déjà proposé les mêmes idées erronnées que lui. On trouve le râleur le plus souvent sur des sites de presse généraliste.

Le Commentateur

Le commentateur est une évolution naturelle du râleur. Sur un forum, le râleur va finir par relever que des gens lui répondent et l'enjoignent de fournir des détails sur les raisons pour lesquelles il râle. A force de recevoir des commentaires et des contre-arguments, il va finir par se sentir obligé de rentrer dans des conversations qui avec le temps gagneront en qualité. Il sera plus ouvert aux arguments qui lui sont présentés et lui-même formulera mieux ses opinions et apprendra les règles du débat et en viendra à fournir les sources d'information justifiant son point de vue. Le véritable accomplissement du commentateur se trouve dans son admission (qui finit par arriver tôt ou tard) qu'il était dans l'erreur et qu'un interlocuteur avait raison.

Ce niveau de l'échelle Bayart est très stable. Nombre d'internautes restent à ce niveau pendant de longues années et peut-être même de manière définitive.

L'Auteur

L'auteur est l'évolution vers laquelle tend un commentateur qui a développé des connaissances solides à force de lecture et de participation aux débats, et qui a développé un goût pour le partage d'idées détaillées dont l'énoncé peut régulièrement dépasser en volume et en richesse l'article sur lequel l'internaute répond. Le commentateur peut alors avoir envie de créer son blog ou son site web personnel sur lequel il exposera ses idées soit spontanément soit en réaction à l'article d'un autre internaute.

L'organisateur de communautés

L'organisateur de communautés est un auteur qui a développé un réseau d'interactions avec d'autres auteurs et dont les articles peuvent compléter ceux d'autres auteurs ou démarrer une discussion dont il sait qu'elle sera emboitée par ces autres auteurs.

A travers cette échelle, Benjamin Bayart décrit cette responsabilisation des internautes comme l'émergence de citoyens capables jusqu'au point d'être redoutables en leur capacité de vérifier les informations qui leur sont distillées, capables de réfléchir et exercer leur sens critique sur la véracité et la fiabilité de ces informations, capables de partager et d'échanger des idées avec d'autres citoyens similaires dans le but de comprendre l'essence de l'information qui leur a été proposée.

Il compare aussi cette révolution d'internet avec la révolution de l'imprimerie. L'imprimerie a permis l'émergence du lettrisme, de la philosophie, des lumières et de la sortie du Moyen-Age. Mais là où l'imprimerie a rendue possible l'émergence d'une civilisation de lecteurs, internet rend possible l'émergence d'une civilisation d'auteurs. Bayart illustre ce fait en comparant le nombre de personnes qui ont jamais vu un de leurs articles publié dans la presse et le nombre de personnes dont les écrits ont été publiés sur internet.

Ce blog (et sa version anglophone) constitue mon émancipation d'un rôle de commentateur vers un rôle d'auteur. Et vous ? Où vous situez-vous sur l'échelle?