Texte libre sur le thème de
la folie
Moi (voix habituelle) : Bon, il faut que je me taise ; il va
lire ce qu’il a écrit. Je crois qu’il y a un rapport avec Alice au Pays des
Merveilles. Mais attends ! Ca fait partie de l’histoire, là, ce qu’il
dit ? Il a commencé ?
Prospéro (voix perfide): Mais tais-toi ! Bien sûr, qu’il a
commencé ! Laisse-le raconter !
Moi (voix habituelle): Euuuuh… quoi ? C’est quoi
c’t’histoire ? C’est quoi cette voix ? Qui me parle ?
Prospéro (voix perfide): C’est
encore moi. Enfin, c’est encore nous.
Caliban (voix soupe-au-lait) : Je crois
qu’il y a des gens qui ont quelques troubles de mémoire.
Moi (voix habituelle): Non mais c’est du foutage de
gueule ? C’est quoi ce délire ? Et trouble de mémoire toi-même !
Prospéro (voix perfide): Tu as des
sautes d’humeur, dis-donc ! Puisqu’il faut se répéter… c’est moi,
Prospéro !
Moi (voix habituelle): Prospéro ? C’est quoi, ce nom ?
Prospéro, ça ne me dit rien.
Caliban (voix soupe-au-lait): Et moi,
c’est Caliban. « Cali » comme la Californie, et « ban »
comme un banc… Mais sans c.
Moi (voix habituelle): Et vous êtes où, les deux rigolos ?
Je vous entends mais je ne vous vois pas.
Prospéro (voix perfide): Sur
ton épaule gauche. Toujours sur ton épaule gauche.
Caliban (voix soupe-au-lait): Et moi, sur
ton épaule droite.
Prospéro (voix perfide): Ne l’écoute
pas, c’est un menteur contrairement à moi. D’ailleurs, ce qu’il dit est une
contradiction en soi. Si tu entends quelqu’un comme nous, ça ne peut être que
sur la gauche. Toujours.
Moi (voix habituelle): Et alors on fait quoi ? Vous avez un
truc à me dire, ou bien vous ne faites que passer ? Vous vous êtes
perdus ?
Prospéro (voix perfide): Nous, on
est venus pour l’histoire. Comme toi, évidemment.
Caliban (voix soupe-au-lait): Et cette
histoire, je la trouve un peu nulle. Je préférais celle où Prospéro et moi on
faisait la course pour attraper un pigeon voyageur.
Prospéro (voix perfide): Tu entends
ce que dis Caliban ? C’est pas croyable. Ceci est la meilleure histoire
que nous ayons vécue tous les trois. Sans doute parce que c’est la dernière en
date.
Moi (voix habituelle): Vous m’avez fait perdre le fil dès avant
que ça commence. Oh là là, je ne vais
rien y comprendre, comme souvent.
Caliban (voix soupe-au-lait): Mais non ça
n’a pas commencé. Raconte-nous donc ta journée et n’oublie aucun détail !
Je veux tout savoir.
Prospéro (voix perfide): Bien sûr
que si c’est commencé. On approche même de la fin alors concentre-toi un peu et
n’écoute pas ce gros malin !
Moi (voix habituelle): Bon, il faut que je me taise ; il va
lire ce qu’il a écrit. Je crois qu’il y a un rapport avec Alice au Pays des
Merveilles. Mais attends ! Ca fait partie de l’histoire, là, ce qu’il
dit ? Il a commencé ?
Jeu : chaque participant
propose un mot devant apparaître dans le texte
Cabinet, faisan, exaltation,
communion, blanche, forêt
Dans une forêt
vivait Martin. Martin est un faisan tout ce qu’il y a de plus normal… sauf sa
taille. Martin est à peine plus grand qu’un poussin malgré son âge adulte.
Mardi dernier il a été convié à une cérémonie par laquelle son frère Gidéon, un
faisan aux airs de coucou, serait uni à Clara, la faisane, pour la vie et
jusqu’à ce que l’acte de divorce les sépare. Clara portait une légère parure
blanche. Gidéon portait une queue-de-pie. Après que des vœux eurent été prononcés,
on amena un grand plat de vers de terre et tous les oiseaux participèrent à la
communion des estomacs. Natacha, une belle faisane aux airs de coucou prétexta
une indisposition pour se rendre aux cabinets. Ne la voyant pas revenir, Martin
inquiet alla s’enquérir de sa santé. Passant la porte il tomba sur son frère en
pleine exaltation.
Jeu : cadavre exquis en
rimes
Chaque participant démarre par
l’écriture d’un vers en haut d’une feuille. La feuille est transmise au suivant
qui écrit 2 vers dont le premier doit rimer avec le dernier vers du joueur
précédent. La feuille est à nouveau transmise mais pliée en ne laissant
apparaître que le dernier vers. Participants : XXXX, YYYYYYYYY, Erik
Texte 1
Dans le silence gêné, elle trace
Des symboles mystiques sur sa boule de glace.
Les regards des convives guettent une détente.
Qu’elles vivent ! Qu’elles pètent ! Oh quelle
attente !
Pendant qu’au dehors les cloches résonnent
Je m’égare dans une foule sans personne
Et, heureux, je déroule mon pas qui s’allonge
Mélodieux comme une poule, vif comme une éponge.
On n’est pas ce qu’on veut. On est ce qu’on est.
Et le nez sur les vieux, c’est comme ramoner
Une cheminée sans feu à la fin d’un hiver
Qui s’éteint pour redonner vie à un nouvel hier.
Texte 2
Qu’il est doux de ne rien voir
Ne ressentir que par l’épiderme, croire
Apercevoir une chaleur fugace
Aux lunettes infrarouges comme un jeu qui délasse.
Où suis-je se demande-t-elle ; où sont les
autres ?
Partis de par le monde comme des apôtres,
Ou planqués tels des amants ridicules ?
Non, partageons nos amours, sortons du placard nos
polycules
Dans un flot commun, abreuvons les cœurs qui se
dessèchent
L’espoir est une bougie. Allumons-en la mèche.
Créons un incendie de bonheur !
Et brulons tous les emmerdeurs !
Texte 3
La vie est un sandwich à l’étron. Et nous sommes obligés
de croquer.
Mais croquer ceci sera-t-il bon ? Permettez-moi donc
d’en douter.
Dans mes souvenirs des premiers temps, certes, le goût en
était délicat.
Doux-amer comme un parfum entêtant, froid comme le mica.
Les plus récents sont métalliques et râpeux, brulant la
langue.
Certains m’oppressaient comme une foule qui harangue.
Mais la mémoire est heureusement défaillante.
C’est là que revient cette image de ma tante :
Sourire aux lèvres, son plateau en argent bien rempli
Entravé mais heureux, joie secrète qui l’emplit
Pavoisant à l’envie sur des sujets frivoles
C’est par la superficialité que l’ambiance décolle.