vendredi 28 décembre 2018

Atelier d'écriture du 27 décembre 2018

Jeu : chaque participant donne une contrainte pour l’écriture d’un texte

faire cuire un œuf
jupe de grand-mère
un jeu de mots
un slogan publicitaire
je repasserai plus tard
l'e dans l'o
mer d'huile
un personnage du monde de Picsou


Le jour déclinait. J'en étais à mon deuxième whisky et à ma trente-quatrième cigarette. C'est ainsi que dans le métier on célèbre une journée sans clients, à tourner en rond et à ressasser la dernière affaire de meurtre qui se conclue sur un monde aussi gris foncé que celui d'hier.

Elle frappa faiblement à la porte de mon bureau et entra. Les courbes marquées. Des cils plus longs et plus épais qu'humainement possible. Et un déhanché à faire chavirer un vilebrequin. Elle s'appelait Clara et son patronyme Belle ne trompait pas sur la marchandise.

Une amie à elle avait disparu. Une mademoiselle Lacanthe. Zoé de son prénom. Née sous le signe du Poisson. Sale affaire: Je sentais qu'on ne me disait pas tout. Je serais obligé de composer avec les non-dits. C'est sur le bord de mer que Zoé avait disparu.

Je décidai de me rendre dans la petite station balnéaire pour commencer à poser des questions et m'envoyer les doses supplémentaires d'alcool qui m'aideraient à trouver le sommeil. Je congédiai donc ma nouvelle cliente. Elle "repasserait plus tard".

Je passai mon imper. Jetai mon chapeau sur mon crâne. Bouclai le bureau. Et montai dans l'épave qui me faisait office de bureau mobile, direction l'océan. L'avenir appartient à ceux qui se couchent tard ! ...et abusivement enivrés.

mercredi 12 décembre 2018

Atelier d'écriture du 11 décembre 2018

Exercice : définir un mot choisi que l'on aime bien.

Mot choisi : amie

J'aime le mot "amie", particulièrement au féminin, pour l'homme que je suis. Mais laissez-moi couper court immédiatement aux idées romantiques ! Je veux parler d'amitié. et laisser au placard tout ce qui s'en écarte. Une amie c'est d'abord une personne qui nous fait exister, par sa seule présence à nos côtés, qu'on la retrouve quotidiennement, mensuellement, ou de loin en loin. C’est une personne qui nous juge - comme tout le monde bien que beaucoup s'en défendent - et qui nous apprécie malgré tout. C'est une personne qui peut nous dire ce qu'on a besoin d'entendre, autant les mots de miel que les mots de feu. C'est une personne qui nous pousse à devenir meilleur ou bien qui suscite notre amélioration sans nous pousser. C'est à la fois une grande sœur, une petite sœur, et une sœur jumelle. C'est la personne qui sait mettre les pieds dans le plat et du baume dans notre cœur. Une amie, c'est bon ; mangez-en !

lundi 10 décembre 2018

Un peu de prose SMS en passant

Dimanche lace ses chaussures, passe son manteau et noue son écharpe. Sur le pas de la porte, le froid vient de prendre son service et il montera la garde jusqu'à demain matin. Les deux se saluent.
- "Salut Froid! Ça va?"
- "Comme d'hab. Pendant l'hiver j'ai plus d'heures de présence mais c'est pas moi que ça dérange."
- "Bon... à la semaine prochaine alors!"
- "Probable. Mais pas certain. Je connais jamais mon planning à l'avance."
Dimanche renâcla et disparut.
- "Bonjour lundi!"
- "Salut Froid!"
La nuit au-dessus veille silencieuse tandis que les quelques fenêtres encore illuminées peu à peu s'éteignent.

mercredi 28 novembre 2018

Atelier d'écriture du 27 novembre 2018


Thème : chaque participant propose une rime à utiliser dans un poème

-ri ; -ère ; -ion ; -pa ; -oin 

C’est un siècle qui nous ramène longtemps en arrière.
Deux hommes se font face, aux portes du désert.
L’un fut maladroit et l’autre en fut marri.
Un duel s’ensuit maintenant, funeste pari.
Du destin ne voient-ils pas qu’ils sont les tristes pions ?
Même le plus chanceux qui passera pour un champion ?
Un coup de taille du premier homme que le second stoppa.
Un coup d’estoc en riposte amène le trépas.
Un spectateur distant voit un corps tomber au loin.
Une histoire si banale qu’on ne s’en émeut point.

Thème : chaque minute, un participant propose un mot qui doit prendre place dans le récit.

Les mots choisis, dans l’ordre : complicité, vestige, cacahuète, éternel, santé                                                     
Romuald raconte son enfance à son psychiatre : « j’étais très ami avec Lola. Nous avions beaucoup de complicité. Mais avec le temps, une distance est apparue et de notre relation il n’est resté que des vestiges. Je ne l’ai revue que plus tard, le jour de sa mort dont je suis responsable. J’ignorais qu’elle était allergique et j’ai préparé un plat avec des cacahuètes. Le choc anaphylactique l’a emportée au père éternel. »
Les larmes coulaient sur les joues de Romuald. Le psy conclut la séance. Avec le temps il retrouvera un peu de santé mentale.

jeudi 15 novembre 2018

Atelier d'écriture du 13 novembre 2018


Mardi 13 novembre 2018

Jeu : chaque participant donne une contrainte pour l’écriture d’un texte

·         Commencer et finir par la lettre P

·         Description d’expression(s) sur un visage

·         Proverbe ou locution

·         Une insulte

« Pooorc ! Tu es un pooorc ! » lança Corinne, les yeux humides et la voix désespérée, à son fils Alexandre. Elle en a la garde parce qu’elle n’a pas eu le courage de le placer dans une institution après qu’il ait atteint l’âge adulte. Mais la vie ne tient pas compte de votre altruisme pour vous offrir un traitement de faveur. Et ces derniers temps, ça ne va pas trop. En fait, soyons francs, c’est un peu la cata. Un enterrement par ci, une réprimande du patron par là, le corps qui part en vrille… La cinquantaine, c’est pas ce qu’on lui avait promis. Et là Alexandre a porté l’assiette de soupe à ses lèvres, en a mis partout, s’est essuyé avec sa manche… et son œil bovin qui surplombe sa bouche bée, c’était la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Demain ça ira mieux. Mais ce soir, trop c’est trop !

dimanche 4 novembre 2018

Concours d'écriture - Utopiales 2018

Tous les ans à Nantes se tient sur 4-5 jours le festival de science-fiction "Les Utopiales". Cette année, comme d'autres fois par le passé, s'y déroulait un concours d'écriture encadré par l'association Présences d'Esprits. Le thème de cette année pour les Utopiales comme pour le concours d'écriture était "Le Corps".

Le concours s'adresse à des équipes de 3 personnes. 3 sujets sont tirés au sort et chaque équipe devra produire 3 nouvelles. Bref, on se répartit les sujets selon notre inspiration. 8 minutes sont initialement accordées pour la répartition des sujets, et au cours de ce temps il est interdit de commencer à rédiger. Ensuite, l'épreuve dure 1h45.

Ci-après vous trouverez la nouvelle que j'ai écrite à cette occasion, avec pour sujet : "D'abord on a remplacé un doigt". Suite à cette épreuve, 2 jours et demi étaient laissés au public et au jury de l'association pour voter en faveur de leurs nouvelles préférées. Pendant cette période, les candidats avaient interdiction de divulguer leur nouvelle. Les résultats ont déjà été annoncés mais je ne les connais pas encore. Ce qui me permettra de fournir après cette nouvelle une auto-critique vierge de toute influence.

L'engrenage



Un samedi matin, les feuilles jaunes et brunes jonchaient le trottoir qui longe les jardins du Luxembourg. Xavier battait le pavé d’un pas allègre. Les premiers frimas s’étaient fait sentir et les mains dans les poches de son manteau, il serrait les bras contre son torse pour se tenir chaud. A ses lèvres, une cigarette aux arômes chauds et lourds sur laquelle il tirait par courtes bouffées.

Il finit sa cigarette et en jeta le mégot dans le caniveau devant la boucherie de Morgane, sa sœur cadette. Elle avait récemment reçu un arrivage de charolaise que Xavier était impatient d’admirer dans la chambre froide. Ce n’est pas parce qu’il était informaticien qu’il était insensible aux choses de la nature et en particulier à la viande. Il contempla de très belles pièces dont il se régalait à l’avance de déguster quelques steaks ou tartares.

Sortant de la chambre froide, il eut un geste maladroit qui permit à la lourde porte de se refermer sur son index gauche. Une brûlante douleur saisit Xavier, lui vola un cri et un juron. Morgane paniquée prit connaissance de l’état de son frère et rouvrit la porte de bois et de métal. Nouveau gémissement de Xavier et inspiration profonde. Le constat visuel était dramatique. Chair et os s’entremêlaient, comble de l’ironie dans une boucherie, et son index était irrémédiablement broyé.

Une ambulance l’emmena à la clinique de la main où on assura que le remplacement par une prothèse était la seule option qui permettrait de retrouver cinq doigts à la main gauche. Les progrès technologiques des dernières décennies étaient fabuleux assurait-on et rapidement il oublierait même, sauf à poser les yeux sur l’appendice de substitution que ce n’était qu’un objet artificiel distinct de son corps. Il l’assimilerait aussi bien sinon mieux qu’une greffe.

Après son opération, une seule semaine lui fut offerte pour récupérer avant de retourner au bureau. Un doigt handicapé, ou plutôt « en phase de rééducation et apprentissage » comme le disait pudiquement, ça n’empêche pas de programmer des ordinateurs. 9 doigts suffisent largement pour faire beaucoup. Et l’organe principal de son travail, après tout, c’était le cerveau. « Tant que la tête fonctionne, on peut bosser » répétait Jean-Paul, son supérieur hiérarchique.

Les premiers jours de retour au travail, Xavier n’était pas très productif. Les douleurs à la main, les sensations de membre fantôme et la frustration d’obtenir si peu de temps de répit lui minaient un peu le moral. Mais au bout de deux semaines, il avait repris son rythme de croisière. Finalement, le médecin avait raison. Il ne distinguait plus la prothèse de son doigt originel. Elle était tout aussi fonctionnelle, si ce n’est pour les sensations tactiles, pas vraiment les mêmes que la peau et les muscles. Mais la précision et la vitesse étaient surprenantes.

Tandis que noël approchait, il en était sûr désormais. Son index de métal était plus efficace que n’importe quel doigt organique. Plus véloce, plus agile, plus fort, plus robuste, plus tout. Il consulta son médecin traitant lui évoquant son envie de troquer les autres doigts de sa main gauche contre des doigts plus efficaces. Le médecin l’interrogea sur ce vœu étrange. Il existe bien des syndromes psychiatriques rares qui font que des personnes ne reconnaissent pas l’un de leurs membres et souhaitent s’en débarrasser. Mais ce n’était pas ça. La volonté du patient était purement, simplement, bêtement la volonté de s’améliorer physiquement. Les prothèses n’étaient indiquées ordinairement que pour parer à des mutilations mais depuis quelques années une mode avait débuté consistant à chercher une amélioration de performance. Cette tendance faisait les choux gras du secteur privé avec des perspectives de croissance qui enthousiasmaient les actionnaires.

Xavier consulta donc une clinique privée. Ses économies lui permettaient largement de s’offrir ce cadeau peu ordinaire de fin d’année. Merci petit Papa Noël ! Les mois passant, il s’habitua et adora ses nouveaux doigts.

Sur un site de rencontre, puis à une terrasse de café du centre ville, il fit la rencontre de Sophie. Elle avait le même âge que lui, était passionnée par le scrapbooking et la décoration, et elle était employée d’une grande enseigne de fleuristes. Ils n’avaient en commun que le goût pour la musique classique et le rock’n’roll mais l’éclat dans les yeux l’un de l’autre fit opérer la magie.

Les premières semaines, ils firent l’amour tant et plus. Sophie n’aimait pas les doigts métalliques de Xavier mais elle en fit abstraction. Xavier aimait caresser sa belle, mais plus de la main droite, c’est vrai que de la main gauche.

Vint le mois de juin. Au travail, Xavier était plus efficace qu’il ne l’avait jamais été et son entretien annuel avait été très positif avec une augmentation de salaire à la clé. Mais il avait un manque. Pourquoi s’en tenir là ? Pourquoi ne pas accélérer encore ? Il voulait plus. Un peu comme un adepte de tatouage franchit le pas d’un petit à un grand ornement de sa peau, lui rêvait désormais d’un bras artificiel entier. Pourquoi artificiel, d’ailleurs ? Tout n’est que matière et un bras est un bras. Il retourna à la clinique et prit rendez-vous pour une opération.

Quand il en parla à Sophie, elle fut effrayée. Elle tenta de le dissuader mais il était trop résolu pour le faire changer d’avis. Quand arriva le jour de l’opération, elle dit à Xavier qu’elle préférait faire une pause dans leur relation. Deux ou trois semaines pour se faire à l’idée. Et un bras droit remplaça un bras droit. Il était beau, chromé, un peu lourd mais fonctionnel et l’épaule électromécanique pouvait gérer ce surpoids sans effort.

Le couple se retrouva. Les amants discutèrent, rirent, firent l’amour plus sauvagement que d’habitude. Pour les deux, c’était à la fois excitant et différent. Xavier ne ressentait plus la caresse de la peau par ses doigts. La sensation était différente. Sophie était confuse ; autant satisfaite par la retrouvaille et aimant se blottir contre le torse de Xavier, elle n’aimait guère le contact des doigts de métal et maintenant du bras chromé. A la fin de l’été, elle ne put plus s’y faire et quitta son homme.

Déçu par cette relation trop courte et frustré par ce qu’il voyait comme un manque d’ouverture de son aimée, Xavier se changea les idées en investissant tous ses efforts dans la connaissance poussée des substituts corporels. Il testa ses capacités accrues en s’essayant aussi au scrapbooking qu’il avait appris de Sophie, et à l’horlogerie, activité de précision par excellence. Les prothèses étaient onéreuses et il démarra la vente de ses créations par internet pour se faire un complément de salaire.

noël revint. Et il put s’offrir un remplacement du bras gauche. C’était bienvenu car le poids du bras droit créait une sollicitation inégale des muscles de maintient de son dos. Avec deux bras améliorés, il était meilleur, plus fort, plus agile. Il avait envie de vivre son nouveau corps au maximum et se mit à pratiquer le parkour, ce mélange de course, de gymnastique, de sauts, et d’acrobatie en milieu urbain.

Puis il se sentit limité par ses jambes. Pourquoi se contenter de jambes peu capables alors que de bonnes jambes pouvaient s’obtenir moyennant quelques milliers d’euros ? Il investit donc en lui-même et devint virtuose.

Au travail, son corps était aussi optimisé qu’il pouvait le souhaiter et seul son esprit commençait à le limiter. Des compléments alimentaires au début purent le satisfaire et améliorer sa productivité. Il obtint une promotion et une augmentation substantielle de salaire. Et puis les compléments alimentaires ne lui suffirent plus. Mais une puce corticale venait de sortir sur le marché médical qui promettait d’obtenir une augmentation de flux d’information nerveuse. Vivement noël !


Auto-Critique

Première chose qui saute aux yeux : j'ai laissé échappé de vilaines fautes. Un "9" que je n'ai pas écrit en toutes lettres. Un mot manquant dans une phrase : "comme le disait pudiquement".

Sur le contenu, je regrette de ne pas avoir mis en scène certaines idées phare que j'avais en tête dès le début de l'épreuve. Par exemple, je souhaitais créer un contraste entre le corps naturel et le corps artificiel en confrontant le personnage à un renoncement. Je souhaitais qu'apparaissent un choix entre la sensualité par la peau et l'escalade de performance par les augmentations artificielles afin qu'apparaisse un choix tranché entre l'humanité et la "déshumanisation" choisie... quoique je ne suis pas à l'aise avec cette notion de déshumanisation. Je vois cela plutôt comme une alter-humanisation.

Constat lié à la critique précédente : ma gestion du temps n'est pas très bonne, par manque d'expérience. En voyant le verre à moitié plein, on pourra dire que cette épreuve m'a permis d'en prendre conscience pour mieux faire une prochaine fois. J'ai eu le sentiment de courir derrière l'horloge tout au long de l'épreuve et de ne pas rédiger assez vite...

En rétrospective sur les 2 dernières critiques, je pense qu'à l'avenir, je devrais fixer strictement les idées fortes que je souhaite voir apparaître, quitte à en écrire les ébauches avant le début de l'histoire. Et je devrais contracter les événements décrits pour n'écrire que le strict minimum. Ce faisant, je pourrais aussi probablement dégager plus de temps pour embellir les mots ou les remplacer par les termes les plus spécifiques possibles.

mercredi 31 octobre 2018

Atelier d'écriture du 30 octobre 2018


Auto-louange

·         Texte court, à la 1ère personne, où on amplifie nos qualités.

Je suis la sensibilité. Je dirige mes yeux vers ton visage pour percevoir les micro-expressions qui révèlent les transports de ton âme dans leurs nuances les plus infimes. Je vois aussi les mouvements de ton corps, de ton dos que tu redresses, de la jambe que tu recules, de ta main qui hésite avant de réajuster ta robe. Je suis la sensibilité et j’entends les mots que tu dis. J’entends l’hésitation, l’enthousiasme et la précipitation dans ta voix. J’entends la respiration que tu prends avant de ne rien dire parce que tu as choisi de retenir tes mots. Je suis la douceur. Assis à tes côtés, je tiens ta main, je caresse ton bras, je masse ton cuir chevelu, ton dos, tes cuisses, tes jambes, tes pieds. Je suis la douceur. Mille mots me viennent en tête et j’écarte les ombres tandis que je magnifie la lumière puis la fais traverser cent prismes pour qu’elle soit agréable à tes yeux. Je suis l’expressivité et je te renvoie des regards interrogatifs. Je te souris pour approuver et t’encourager.

vendredi 19 octobre 2018

Atelier d'écriture du 16 octobre 2018

Auto-louange

·         Texte court, à la 1ère personne, où on amplifie nos qualités

Je suis l’observateur. Celui qui est né loin, qui a été présent pendant les temps troublés puis qui est venu ici. Mon corps et mon esprit m’ont emmené plusieurs fois près de la frontière du monde. Mais tu vois, je suis toujours là. Mon corps était frêle pourtant. Mais je suis le changement. Petit, je suis devenu grand, et grand je suis devenu petit. Faible, je suis devenu fort. Fort je suis devenu gros. Gros je suis devenu mince. Et mince je suis redevenu fort. Différent, je suis devenu semblable. J’étais la lumière qui brille et que tout le monde voit. J’étais aussi l’ombre et on ne pouvait pas me voir. Je redevenais l’observateur, alors, et je scrutais le monde des vivants. Je suis devenu Ulysse, éloigné de la patrie pendant dix ans par des dieux étranges. Et là-bas, de l’autre bout du monde j’étais encore l’observateur. J’ai vu et je suis revenu. J’observe toujours car c’est dans ma nature, mais désormais je suis le conteur. Je dis les choses qui sont, celles qui ne sont pas, mais surtout je dis les montures qui te mèneront loin d’ici, sur ce monde ou sur d’autres.

vendredi 5 octobre 2018

Atelier d'écriture du 2 octobre 2018

Texte libre sur le thème de l’identité

Bonjour cher lecteur. Tu viens probablement de te réveiller et Niccolo vient probablement de déposer ton petit déjeuner sur le bureau où je laisse aussi, à dessein, ce journal ouvert pour que tes yeux se posent dessus. La chambre où tu te réveilles a été soigneusement vidée du superflu pour ne pas te distraire et la vue sur la mer, sur le ressac incessant en cette partie de la côte devrait te plaire et t’apaiser. Aussi loin que je me souvienne, tu as toujours aimé cette région de la Terre. Je me rappelle d’ailleurs que l’ombre et l’odeur des pins parasols te manquaient, tout comme te manquait la caresse à la fois lisse, rugueuse et craquelée des troncs d’oliviers, durant les années que tu as vécues autour de Saturne. Mais voilà que j’en dis trop.
Je porte des secrets. Certains que je vais te révéler. Et certains qui disparaîtront, pour le bien-être de tous. C’est pour cela que je t’écris, à toi que je connais mieux que toi-même. J’ai commis bien des actes qui me font horreur. Qui font d’ailleurs horreur à beaucoup. Si je te les révélais… ah, si je te les révélais, je ferais le contraire de ce qui nous réunit aujourd’hui, toi en chair et en os, moi en encre et en papier, souvenir déjà disparu ou seulement estompé.
J’ai pris des dispositions pour ton avenir. Tu t’appelleras Giaccomo Calabri et j’ai fait en sorte que tu reçoives une formation professionnelle et un emploi rapidement. Tu disposes par ailleurs d’économies qui t’aideront à vivre même si elles ne t’assureront pas une subsistance pour une vie entière. J’aurais pu te doter plus généreusement mais il n’aurait pas été juste de piocher plus que de raison dans des Trésors, aussi fournis soient-ils, qui ne sont pas à mon nom. Maitre Rossi te fournira les papiers et les conseils utiles. Mais il ne pourra pas te communiquer mon nom. J’ai pris précaution de ne le contacter que via un tiers lui-même contacté par un tiers.
Ce secret que je vais te révéler tu ne dois le révéler à personne. A vrai dire ce secret, tu n’auras toi-même à le porter que brièvement et tu l’oublieras vite. Il ne t’encombrera donc pas durablement. J’ai foi en toi et j’espère que tu as toujours foi en moi. Plus que moi-même. Mes actes passés sont trop lourds pour être pardonnés par les hommes. Et je suis un homme. Je me condamne donc moi-même et la sentence est sans appel : la peine de mort. Enfin, non. Pas totalement sans appel puisque c’est l’entreprise qui nous réunit. La mort véritable, celle du corps, est une notion abjecte dès lors qu’on parle de se la donner intentionnellement. Alors outre la nécessaire altération de mon visage, je choisis la mort de l’esprit. La mort de mon esprit. Et, je suis navré de devoir te condamner aussi, toi dont l’existence est éphémère comme celle d’un papillon. A peine sorti de ta chrysalide et oublieux de ta vie antérieure, tu ne vivras qu’une journée.
La médecine permet aujourd’hui ce miracle d’effacer progressivement les souvenirs. Ce soir… le soir du jour où je t’écris ces mots, les neurochirurgiens effaceront la mémoire de mon vécu. Ce soir… le soir du jour où tu me lis pour la première fois, ils effaceront les traits de caractère forgés par ton vécu : tes excès de dialogue intérieur forgés par une enfance solitaire, ton hésitation constante entre misanthropie et philanthropie forgées par des déceptions et des moments de grâce inattendus. Ton impulsivité aussi à te lancer dans certaines décisions lorsque tu constates ta paralysie à résoudre un dilemme, pour éviter de prolonger ton indécision. Ce soir, le soir d’un jour suivant, une autre partie de toi et de moi disparaîtra afin de laver notre être et de donner vie à un homme nouveau, innocent. Le processus complet dure 7 jours. Une semaine pendant laquelle tu ne manqueras de rien. Embrasse ce processus avec joie ! Pardonne-moi ! Pardonne-toi !

Jeu : chaque participant donne une contrainte pour l’écriture d’un texte

·         Commencer et finir par la lettre B

·         Quelque chose qui roule

·         Une phrase descriptive à la Zola

·         Un personnage dit la phrase « Non ! »

·         Une phrase palyndromique (condition déjà satisfaite par la condition précédente)

·         Un effet de lumière

·         Un objet doit s’envoler

                                                                                    
Barnabé était vêtu de pied en cape. Comme toutes les souris des campagnes, en apercevant les premières gouttes de pluie il avait enfilé ses bottes en plastique brillant rouge, un imperméable jaune à large col et un tricorne rouge. Son frère Liam était décédé récemment et Barnabé venait collecter des effets personnels avant de laisser le reste en libre-service aux autres comme il est de coutume dans les campagnes du nord de l’Angleterre. Arrivant devant la porte, il baissa la tête pour laisser couler les gouttes de son couvre-chef qu’une rafale soudaine emporta trop vite pour le retenir. De ses petites pattes griffues et calleuses, il chassa les dernières gouttelettes, perles de cristal accrochées à sa toison blanche et marron clair. Tombant au sol, elles roulèrent jusque dans un coin où leur fusion créa une petite flaque. Barnabé entra dans le logis. Une éclaircie brève illumina un portrait des deux souriceaux et leurs parents, qui décorait le mur gauche. Au fond de la pièce une table en bois entourée de cinq chaises. Sur chaque chaise, un coussin de coton blanc et rouge passé. Sur l’un d’eux, une tache de sang. « Non ! » s’exclama Barnabé repensant aux dernières semaines. Il jeta son dévolu sur la photo de famille et une statuette de plomb.

Atelier d'écriture du 18 septembre 2018


Texte libre sur le thème de la folie

Moi (voix habituelle) : Bon, il faut que je me taise ; il va lire ce qu’il a écrit. Je crois qu’il y a un rapport avec Alice au Pays des Merveilles. Mais attends ! Ca fait partie de l’histoire, là, ce qu’il dit ? Il a commencé ?
Prospéro (voix perfide): Mais tais-toi ! Bien sûr, qu’il a commencé ! Laisse-le raconter !
Moi (voix habituelle): Euuuuh… quoi ? C’est quoi c’t’histoire ? C’est quoi cette voix ? Qui me parle ?
Prospéro (voix perfide): C’est encore moi. Enfin, c’est encore nous.
Caliban (voix soupe-au-lait) : Je crois qu’il y a des gens qui ont quelques troubles de mémoire.
Moi (voix habituelle): Non mais c’est du foutage de gueule ? C’est quoi ce délire ? Et trouble de mémoire toi-même !
Prospéro (voix perfide): Tu as des sautes d’humeur, dis-donc ! Puisqu’il faut se répéter… c’est moi, Prospéro !
Moi (voix habituelle): Prospéro ? C’est quoi, ce nom ? Prospéro, ça ne me dit rien.
Caliban (voix soupe-au-lait): Et moi, c’est Caliban. « Cali » comme la Californie, et « ban » comme un banc… Mais sans c.
Moi (voix habituelle): Et vous êtes où, les deux rigolos ? Je vous entends mais je ne vous vois pas.
Prospéro (voix perfide): Sur ton épaule gauche. Toujours sur ton épaule gauche.
Caliban (voix soupe-au-lait): Et moi, sur ton épaule droite.
Prospéro (voix perfide): Ne l’écoute pas, c’est un menteur contrairement à moi. D’ailleurs, ce qu’il dit est une contradiction en soi. Si tu entends quelqu’un comme nous, ça ne peut être que sur la gauche. Toujours.
Moi (voix habituelle): Et alors on fait quoi ? Vous avez un truc à me dire, ou bien vous ne faites que passer ? Vous vous êtes perdus ?
Prospéro (voix perfide): Nous, on est venus pour l’histoire. Comme toi, évidemment.
Caliban (voix soupe-au-lait): Et cette histoire, je la trouve un peu nulle. Je préférais celle où Prospéro et moi on faisait la course pour attraper un pigeon voyageur.
Prospéro (voix perfide): Tu entends ce que dis Caliban ? C’est pas croyable. Ceci est la meilleure histoire que nous ayons vécue tous les trois. Sans doute parce que c’est la dernière en date.
Moi (voix habituelle): Vous m’avez fait perdre le fil dès avant que ça commence. Oh là là,  je ne vais rien y comprendre, comme souvent.
Caliban (voix soupe-au-lait): Mais non ça n’a pas commencé. Raconte-nous donc ta journée et n’oublie aucun détail ! Je veux tout savoir.
Prospéro (voix perfide): Bien sûr que si c’est commencé. On approche même de la fin alors concentre-toi un peu et n’écoute pas ce gros malin !
Moi (voix habituelle): Bon, il faut que je me taise ; il va lire ce qu’il a écrit. Je crois qu’il y a un rapport avec Alice au Pays des Merveilles. Mais attends ! Ca fait partie de l’histoire, là, ce qu’il dit ? Il a commencé ?
                                                                        

Jeu : chaque participant propose un mot devant apparaître dans le texte

Cabinet, faisan, exaltation, communion, blanche, forêt


Dans une forêt vivait Martin. Martin est un faisan tout ce qu’il y a de plus normal… sauf sa taille. Martin est à peine plus grand qu’un poussin malgré son âge adulte. Mardi dernier il a été convié à une cérémonie par laquelle son frère Gidéon, un faisan aux airs de coucou, serait uni à Clara, la faisane, pour la vie et jusqu’à ce que l’acte de divorce les sépare. Clara portait une légère parure blanche. Gidéon portait une queue-de-pie. Après que des vœux eurent été prononcés, on amena un grand plat de vers de terre et tous les oiseaux participèrent à la communion des estomacs. Natacha, une belle faisane aux airs de coucou prétexta une indisposition pour se rendre aux cabinets. Ne la voyant pas revenir, Martin inquiet alla s’enquérir de sa santé. Passant la porte il tomba sur son frère en pleine exaltation.

Jeu : cadavre exquis en rimes

Chaque participant démarre par l’écriture d’un vers en haut d’une feuille. La feuille est transmise au suivant qui écrit 2 vers dont le premier doit rimer avec le dernier vers du joueur précédent. La feuille est à nouveau transmise mais pliée en ne laissant apparaître que le dernier vers. Participants : XXXX, YYYYYYYYY, Erik

                                                            
Texte 1
Dans le silence gêné, elle trace
Des symboles mystiques sur sa boule de glace.
Les regards des convives guettent une détente.
Qu’elles vivent ! Qu’elles pètent ! Oh quelle attente !
Pendant qu’au dehors les cloches résonnent
Je m’égare dans une foule sans personne
Et, heureux, je déroule mon pas qui s’allonge
Mélodieux comme une poule, vif comme une éponge.
On n’est pas ce qu’on veut. On est ce qu’on est.
Et le nez sur les vieux, c’est comme ramoner
Une cheminée sans feu à la fin d’un hiver
Qui s’éteint pour redonner vie à un nouvel hier.

Texte 2
Qu’il est doux de ne rien voir
Ne ressentir que par l’épiderme, croire
Apercevoir une chaleur fugace
Aux lunettes infrarouges comme un jeu qui délasse.
Où suis-je se demande-t-elle ; où sont les autres ?
Partis de par le monde comme des apôtres,
Ou planqués tels des amants ridicules ?
Non, partageons nos amours, sortons du placard nos polycules
Dans un flot commun, abreuvons les cœurs qui se dessèchent
L’espoir est une bougie. Allumons-en la mèche.
Créons un incendie de bonheur !
Et brulons tous les emmerdeurs !

Texte 3
La vie est un sandwich à l’étron. Et nous sommes obligés de croquer.
Mais croquer ceci sera-t-il bon ? Permettez-moi donc d’en douter.
Dans mes souvenirs des premiers temps, certes, le goût en était délicat.
Doux-amer comme un parfum entêtant, froid comme le mica.
Les plus récents sont métalliques et râpeux, brulant la langue.
Certains m’oppressaient comme une foule qui harangue.
Mais la mémoire est heureusement défaillante.
C’est là que revient cette image de ma tante :
Sourire aux lèvres, son plateau en argent bien rempli
Entravé mais heureux, joie secrète qui l’emplit
Pavoisant à l’envie sur des sujets frivoles
C’est par la superficialité que l’ambiance décolle.

Atelier d'écriture du 4 septembre 2018

Exercice : définir un mot que l'on aime bien.

Mot choisi : folklore.


Ca commence bien ! mon mot, « folklore », est en fait composé de deux mots. « Folk », qui désigne le peuple et « lore » qui désigne l’ensemble des savoirs, coutumes et croyances relatives à un sujet donné. J’y reviendrai.
Examinons un peu ce « folk » ! Musicalement, il évoque des textes parlant de la vie ordinaire, des bonheurs, amusement ou des petits tracas. Et on chante ses mots avec une voix posée, sur un air de guitare. Ce mot folk est aussi intimement lié au mot allemand « volk » qu’on retrouve dans la marque automobile Volkswagen : la voiture du peuple. Et c’est vrai que folk a quelques résonnances un peu condescendantes. On parle de folk ou de peuple pour désigner les moins-disants culturels et les ruraux. Heureusement, on trouve aussi quelques accents bienveillants et attendris dans ce folk. Parce qu’on aime la simplicité, le goût nature de la compagne et des petites gens dignes et sans prétention.
Le mot « Lore » a trait aux savoirs, croyances, traditions etc. périphériques à un thème donné. L’herboristerie peut constituer une forme de Lore. Toutes les anecdotes autour des pièces de collection concernant une légende du rock’n’roll, ça aussi c’est un Lore.
Mais le Lore le plus marquant, c’est le folklore. C’est l’ensemble des mythes et légendes, des héros, des chansons, des histoires et des thèmes propres à un groupe culturel. Le folklore breton, le folklore de Donjons et Dragons, et toutes autres déclinaisons liées à des peuples lointains, proches, réels ou imaginaires. Le folklore c’est bon, chantez-en !

Atelier d'écriture du 21 août 2018


Texte libre sur le thème de l’intimité

Récemment, j’ai entendu prononcer le mot « intimité ». Mais c’est quoi, l’intimité ? Si je m’interroge sans l’aide d’un dictionnaire, je dirais que c’est ce qui est en nous, qui nous fait comme nous sommes, que nous dissimulons derrière nos filtres et que nous ne partageons généralement qu’avec une poignée d’élus. Dévoiler notre intimité, c’est présenter nos vulnérabilités aux autres. C’est jouer à quitte ou double, ou à la roulette russe. Si on reçoit l’amour en retour, alors c’est un amour qui nous semble inconditionnel, beau, rassurant. Mais si nos vulnérabilités dévoilées reçoivent l’amertume, la haine, la colère ou le mépris, alors notre fragilité est exploitée par quelqu’un qui est d’autant plus capable de nous faire mal.

Mais laissez-moi revenir un peu en arrière ! l’intimité, c’est souvent associé à la sexualité et à l’amour. Cette association est si fréquente en fait, que j’ai envie de m’en éloigner. L’intimité, c’est aussi notre détestation, notre bile, tout ce qu’il y a de plus antagoniste en nous envers des éléments extérieurs. Oui, notre haine est aussi intime que notre amour. Plus intime, même, d’une certaine façon. Car imagine un peu la chose suivante, cher lecteur, cher auditeur ! imagine que tu portes des chaussettes oranges et moi je hais les chaussettes oranges. Je ne les hais pas qu’un peu ; je les conspue. Je les vomis. Si l’une d’entre elles me tombe sous la main, elle va voir ce qu’elle va voir, cette sale chaussette de mes deux ! Je vais la déchirer, la couper, la bruler, la dissoudre, la découdre, la passer au mixer, la couler dans du béton et soit je la jetterai d’un pont ou d’un quai à l’heure où les rues sont désertes (3h30 du matin si tu ne le savais pas), soit j’utiliserai la brique ainsi obtenue dans une construction et je repenserai sadiquement satisfait à cette chaussette chaque fois que mes yeux se poseront sur cette construction. Cette passion négative envers les chaussettes orange, c’est moi. C’est mon intime.


Exercice : dictionnaire.

Chaque participant propose un mot de son invention. Tous les participants rédigent une définition "à la manière du dictionnaire" pour ces mots inventés.

Note : je suis très insatisfait par ce que j'ai produit au cours de cet exercice.

Vélorquer : se déplacer sur un pédalo en forme d'orque dont le mécanisme active la queue et les nageoires au lieu de pales.

Dermaphone : ordinateur de bras dont sont équipés les extra-terrestres des films Predator.

Krop : variété de navet sans saveur.

harzifal : vent hivernal violent apprécié des pirates.

Barmélie : fête traditionnelle au cours de laquelle les paricipants écument de nombreux bars. Voir aussi " rue de la soif".

Paraprismique : se dit d'une forme qui est arbitrairement jugée ressembler à un prisme.

mardi 2 octobre 2018

Atelier d'écriture du 7 août 2018


Exercice : chaque participant propose un mot devant apparaître dans le texte

Démesure, vélocité, luminescent, fourni, insuffisance, jardinet, espace

Robert a 53 ans. Il vit seul dans une maison de campagne qu’il a achetée il y a 2 ans. Mais après une année consacrée aux travaux pour rendre cette maison agréable, il a passé une année à l’hôpital. Il revient tout juste chez lui et il a un projet : créer un jardinet dont il serait fier. Mais il s’interroge sur les meilleurs choix d’aménagement de son espace vert. Il a le goût pour la démesure et planterait bien un champ complet. Mais en y réfléchissant à deux fois, il identifie une insuffisance de ses savoirs concernant les plantes. Faut-il privilégier la quantité ou la qualité ? Et surtout comment faire ? Un dispositif luminescent peut-il accroitre la vélocité avec laquelle les fleurs se hisseront vers la maturité ? Il arrête son choix sur plusieurs variétés : il alternera solanacées et légumineuses. Il faut se hâter. Il se prépare un emploi du temps bien fourni à bêcher, planter, désherber.



Exercice : acrostiche avec le mot « écolier(e) »

Ecoute-moi et parle-moi s’il te plait ! En es-tu d’accord ?
Certainement. Sur quoi veux-tu échanger ?           
Oh, sur tout. Le monde, la vie, toi, l’amour, les lucioles…
L’amour c’est risqué. Les lucioles me vont mieux.
Il ne faut pas se formaliser. L’échange me plait plus que son objet.
En effet, l’acte d’échange vaut un discours à lui seul.
Reposons-là cet échange. Je suis satisfait.

Atelier d'écriture du 10 juillet 2018


Exercice : chaque participant propose une rime à utiliser dans un poème

-ouille ; -ette ; -ile ; -elle ; -atte ; -san

Les grues, échafaudages, briques et poutrelles
Dès l’aube abaissent leurs regards sur la ville.
« Quel est au loin ce chantier peu gracile ? »
« Un jour on l’appellera Tour Eiffel. »
Du haut du Sacré Cœur, ainsi discutent deux gargouilles.
Et dans la capitale martèlent les charrettes
Sur des pavés couverts de givre et glissants
Que frappent les roues aux taches de rouille.
On discute, on marchande, et on rouspète.
Les badauds commencent à se rendre au travail sans hâte
Pour aller verser leur sueur et parfois leur sang.
La journée est commencée quand le ciel orange succède à l’écarlate.



Exercice : chaque minute, un participant propose un mot qui doit prendre place dans le récit.

Les mots choisis, dans l’ordre (à considérer phonétiquement) : nez, voiture, froid, couette, fin

Elle fait face à son propre visage. Dans sa salle de bains, elle tend le nez vers le miroir. Après avoir percé ce qu’elle devait, elle enfile son manteau et va prendre sa voiture. Le moteur peine à démarrer en ce matin froid. Puis il obtempère. Au feu rouge, encore un miroir ! le rétroviseur lui permet de vérifier la perfection avec laquelle elle a noué ses couettes. De son trajet pour le travail, elle voit la fin avec soulagement, prête à prendre son service. Une journée comme toutes les autres peut commencer.

Atelier d'écriture du 3 juillet 2018


Ceci est mon premier article concernant un atelier d'écriture. Je précise donc que je participe à un atelier d'écriture pour lequel j'écris sur des thèmes choisis ou qui m'amène à me plier à des exercices généralement d'une durée de 15 à 20 minutes.

Qui sait si ces textes quelquefois bons et quelquefois nuls -n'ayons pas peur des mots !- auront un jour une utilité quelconque. Si vous trouvez un peu de plaisir en les lisant, alors tant mieux et vos commentaires ou critiques sont les bienvenus. Si vous me connaissez personnellement et y retrouvez des aspects de ma personnalité, venez m'en parler à l'occasion autour d'un café !



Exercice : inspiré d’une photographie

La terre, cette terre, celle avec un petit « t » et non pas la planète Terre, mais cette île, ce havre avait connu le feu. Des plantes et des fleurs, des arbres et buissons lui servaient autrefois de fourrure et cette terre vivait impassible, innocente et inconsciente des froidures, de la pluie, du vent et même des giboulées. Des petites bêtes, de petits êtres, des créatures vivaient en ce lieu. Des fragiles, aux ailes diaphanes aimaient à se poser sur les troncs, là où le soleil venait chauffer l’écorce. D’autres, aux corps longs et articulés, passaient de la surface au sous-sol, d’un terrier à une racine, d’une pierre à une niche.

Et puis vînt un été. La terre était sèche, de même que les herbes hautes ou courtes. Les plantes craquaient au vent brûlant, et la poussière faisait parfois un rideau à qui aurait admiré cette contrée. Nul ne sait comment, si ce fût par un orage, par une concentration des rayons du soleil ou par quelque autre façon, mais un jour un incendie teinta le ciel d’orange et de jaune.

La terre au lendemain fut blanche de cendre et elle était déserte à perte de vue. Et la cendre enrichit à nouveau cette terre, avec l’aide de la pluie. Quelques jours ou semaines plus tard, en ce lieu désolé, portées par le vent, arrivèrent une famille de spores de fougères. Après le silence, la terre attendait impatiente mais confiante que renaisse le tumulte quotidien.