mercredi 20 mars 2019

Atelier d'écriture du 19 mars 2019


Texte libre : Invitation au voyage


Pense à ta main droite. Joins ton pouce et ton index ! Non ! Non ! 

Pas comme ça… Attends, prends ton temps. Sépare-les. Voilà, c'est parfait. Maintenant, tu vas les faire se toucher tout doucement, s’effleurer, se caresser en un mouvement circulaire léger. Là, comme ça. La sensation est soyeuse. Sépare-les à présent et fais courir ton pouce de la même manière le long de ton petit doigt ! La sensation est différente. Comme un peu électrique. Un peu chatouilleuse. La ressens-tu ainsi? Bien !

Déplaçons-nous un peu plus loin. Ouvre ta main gauche en tendant les doigts ! Entre la paume et la base des doigts existent 4 légères protubérances, un peu comme les coussinets sous une patte de chat. Fais glisser l’index de ta main droite sur ces espèces de coussinets en un lent va et vient de la gauche vers la droite. À nouveau, cette sensation électrique qui te parcourt! Déplace désormais ton index dans un mouvement fluide en spirale... depuis le tour de la paume jusqu’en son centre. Puis parcours cette spirale en sens inverse !

Ces impressions, tu ne les découvres pas pour la première fois ; elles conservent une certaine rareté, à la fois familières et étranges. Ces sensations, qui appartiennent à ta paume, elles sont là, accessibles tout le temps. Mais elles échappent à notre vigilance, à notre attention et à nos intentions presque tout le temps. Et nous n’avons exploré que la face intérieure de la main, qui plus est de manière remarquablement partielle. Nous n’avons pas encore accordé de temps et de conscience à l’espace situé entre les doigts ou à cette sensation de fraîcheur agréable qu’il y a à stimuler la peau en retrait des ongles, à la frontière avec la cuticule.

Notre corps possède plus de zones sensibles que celles dont nous parvenons à avoir conscience à un instant donné. Nous resterons toujours en quelque sorte étranger à nous-mêmes, notre conscience flottant au-delà des horizons perceptifs.

Le corps est un pays qui peut se visiter gratuitement, lentement, délicatement ; un territoire subtil dont les paysages nous réservent bien des surprises, bien que ces dernières ne seront jamais complètement nouvelles. Le corps et ses sensations sont tels les dunes du Sahara : toujours en mouvement mais nécessitant une vigilance de l’esprit et des sens pour en percevoir toutes les modulations, chacune des transitions. Depuis le doux frottement de tes orteils jusqu’à la caresse chatouilleuse de tes sourcils, le voyage est à portée de main. À présent, Je t'invite au voyage. 


Jeu : partir du titre d’un livre pour créer un texte

·         Titre : « les tracas de Paris »

Alex voulait se rendre depuis son appartement du 13ème arrondissement à son travail dans le 10ème. On avait beau être en juillet, 32°C à 8h30 le matin c’est la promesse de ne plus supporter sa propre odeur avant 10h. Les rues étaient noires de monde. Les voitures faisaient du touche-touche. Les vélos, trottinettes et gyropodes serpentaient de la route au trottoir et réciproquement. Il interpela une femme qui allait dans la même direction que lui de Tolbiac à François Mitterrand, et lui demanda si elle savait ce qui se passait. En effet, une attaque terroriste avait dans la nuit détruit la totalité des transports en commun de la capitale. Métros et bus n’étaient plus que des tas de ferraille destinés à la casse. Déjà l’Elysée multipliait les déclarations sur ses démarches pour rétablir l’ordre. Les pays étrangers avaient promis leur assistance sous la forme de bus de remplacement.
Les parisiens décidaient de marcher jusqu’au travail ou de rester chez eux exceptionnellement. Le groupe terroriste à l’origine de l’acte perturbant revendiquait l’abomination que constituent les transports en commun. Par ce seul acte, ils avaient commis des centaines de millions d’euros de dégâts. Ce n’était rien à côté des conséquences totales dont on comprit l’ampleur le jour suivant tandis que le collectif révélait son envergure internationale et immobilisait les bus, tramways, métro que mais aussi les trains de l’Europe entière.

Jeu : cadavre exquis

1)      Fichtre ! Tandis que le casse-tête dénudé vomit une encyclopédie au fond de l’océan atlantique.
2)      Jadis les filles fallacieuses éternuaient les jolies choses dans la douche du navire.
3)      Ha ! Ce siècle la bête rayonnante se flagelle des oiseaux sous le canapé.
4)      Diantre ! Bien des années avant le lézard perpétuel vomit le chien sur l’oreiller.
5)      Oups ! Quand le soleil disparut dans un rayon vert, les sorcières du village outrecuidantes sautillaient un costume de Pikachu au fin fond de la Creuse.
6)      Ola ! Aujourd’hui Marcel le moustique espiègle velu distribue les tartines salées dans la forêt.
7)      Morbleu ! Le troisième jeudi de chaque trimestre un lièvre globuleux dorera ses pompes à la campagne.

lundi 18 mars 2019

Atelier d'écriture du 4 mars 2019

Jeu : chaque participant donne une contrainte pour l’écriture d’un texte

·         Intégrer au moins un alexandrin

·         Un pays étranger

·         Mojito

·         Un paysage urbain

·         Un zèbre


C’était un samedi ; je quittai le bureau.
Peu après le midi ; dix-sept heures au plus tôt.
La cadence féroce, qui m’était imposée
Non par mon con de boss, quoi qu’il en fut satisfait,
Mais par perfectionnisme, c’était les temps modernes.
En bas du gratte-ciel, un vigile thaïlandais
Se mit au garde-à-vous, et sourit largement.
Au Seven-Eleven, supérette à deux sous,
J’acquis deux hamburgers, compagnons impassibles
De ma marche forcée, depuis Lumphini Park
Via Ratchadamri, jusqu’au temple des pirates.
Dans la galerie marchande, emplie d’informatique,
De logiciels pirates, et de films contrefaits,
De techniciens, badauds, restaurateurs, touristes,
Et aussi quelques moines, dans leur toge orangée,
On trouve des bibelots, boules à zèbres enneigées,
Et quelques porte-clefs, on trouve l’émerveillement.
Je m’assis à une table et commandai enfin
Une décontraction liquide : un mojito bien frais
Pour combattre la chaleur et célébrer la vie.

Atelier d'écriture du 18 février 2019

Thème : écriture inspirée d’une image : jaquette de l’album Imaginareum par Nightwish (trouvable facilement avec Google)

C’était le mardi 21 janvier et l’horloge venait de sonner la pause de 23h30, au milieu du parc. Georges sortit de la maison de la terreur par la porte de derrière et sortit une cigarette électronique de sa poche. Il aurait préféré une vraie cigarette, une blonde. Mais depuis l’accident qui avait emporté son père, il s’était juré de ne plus approcher une flamme, fut-ce celle d’un briquet, ou le bout enflammé d’une cigarette. C’est ainsi quand on est un vampire : on est incroyablement sensible à la chaleur. Son collègue Raymond sortit à son tour de la maison de l’horreur. Raymond était nouveau dans « le seul parc d’attractions avec de vrais monstres » mais selon Georges, l’alcoolisme de Raymond ne lui permettrait pas de faire long feu à son poste.
On a beau être un monstre mortellement dangereux, on a aussi nos propres monstres bien réels qui risquent de nous emporter sauvagement.

Thème : écriture inspirée d’une image : « journée d’automne » par Juno Kirisawa (image non trouvable en ligne dont j'essaierai de trouver une copie ultérieurement)

Sous mes pattes, la tôle d’un toit. Sur la tôle : des mousses, des lichens. Tiens ! Un scarabée ! Il ne m’a pas vu. Je me fais le plus bas possible, et m’approche furtivement d’un pas lent et mesuré. Mes deux pattes avant sont jointes et me serviront de ressort pour me propulser dans les airs. Je me fige pour calculer ce saut, eeeeet… me voilà comme suspendu à cinquante centimètres de hauteur. Je suis presque libre de la gravité, mais je joue avec elle pour fondre sur ma proie. De ma patte avant gauche, je le cloue au sol. Mes dents pointues font de lui un mets délicat, une friandise. Je sens la chaleur du soleil sur mon dos et celle de la tôle sous mes coussinets. C’est le lieu parfait pour m’allonger et profiter d’une pause délectable.