dimanche 12 mai 2019

Ecriture : Camille

A l'occasion d'un échange avec une jeune femme (la Camille du titre de cet article), elle m'a demandé d'écrire une histoire où il serait question de "pourquoi les femmes sont chiantes". Cette fable propose une explication.


Camille

Il était une fois un petit royaume perdu au cœur d'un vaste territoire de forêts, de vallées, de défilés, et de façades rocheuses où les strates ocres disputaient l'attention des citoyens aux schistes et aux jaspes jaunes et brillants. Dans ce royaume, les citoyens lassés des abus d'une monarchie durable avaient décidé qu'il serait bien plus plaisant si le pouvoir changeait de main chaque semaine au gré d'une grande loterie. Ainsi chacun aurait une chance de porter les costumes les plus finement élaborés et de déguster les plats les plus savoureux que composaient huit chefs de renom.

Ce régime politique était presque purement représentatif et symbolique. Une inauguration ou l'ouverture d'une exposition artistique pouvait toujours être l'occasion pour le souverain ou la souveraine du moment de couper un ruban après avoir prononcé un discours du genre qui flatte tout le monde. Ces discours étaient évidemment rédigés par des experts en communication car il ne manquerait plus qu'on laisse n'importe qui, même adorné d'une cape à l'hermine chaude et fluide, s'exprimer librement sur toute question de société.

Cependant, il se mit en place une tradition dont on n'avait pas envisagé les lourdes conséquences. Qui dit famille royale dit princesse si le couple souverain avait une ou même plusieurs filles. Et le pouvoir royal hebdomadaire était l'opportunité idéale pour sélectionner un héros qui mériterait de courtiser voire épouser la princesse. Pour faire du tri, on mit en place initialement des expéditions pour occire quelque dragon ou autre bestiole de grande taille ou à l'aspect particulièrement vilain. Mais voilà, les chevaliers... enfin, peut-on parler de chevaliers quand ceux-ci se déplaçaient à dos de mule ?... les chevaliers donc, avaient une fâcheuse tendance à mourir au combat et ne jamais revenir.

Une idée créative fut alors instaurée qui permettrait d'enrayer la perte de toutes ces vies qui commençaient à peser sur les familles des malheureux, sur les princesses qui ne trouvaient pas de preux chevalier (tout du moins, pas pendant leur semaine de prestige), et sur le royaume qui perdait une précieuse main d'oeuvre. On décida de procéder autrement pour choisir les plus valeureux parmi les prétendants en demandant aux princesses de verbaliser la totalité de leur flot de pensées sans rien filtrer, sans rien épargner de leurs commentaires ou de leurs avis aux prétendants rassemblés dans la cour du château. Des esprits taquins suggèrent qu'une telle épreuve pour les chevaliers est sans doute plus rude que de se faire tailler en pièces lentement par des griffes pas acérées du tout. Chaque chevalier dont l'esprit flanchait quittait la cour, la tête basse pour montrer son renoncement à épouser une princesse. Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un.

C'est ainsi que le royaume fut sauvé, mais c'est aussi ainsi que les femmes du royaumes sont devenues chiantes.

Shutter Island (2010) ★★★★★




L'histoire

En 1954, les Marshalls des États-Unis Teddy Daniels et Chuck Aule débarquent sur Shutter Island, une île au large de Boston, pour enquêter sur la disparition de Rachel Solando, une patiente d'un hôpital psychiatrique de « haute sécurité » sur l'île. À leur arrivée, le docteur Cawley leur explique que cette patiente a tué ses trois enfants en les noyant.


Mon avis

Sur le scénario d'abord, pas grand chose à redire. L'histoire est cohérente et même si certains ressorts scénaristiques ne sont pas nouveaux, ils sont bien servis par le reste de la production. Et les quelques revirement de situation font la qualité particulière de cette histoire. Visuellement, les effets de lumière se font parfois très artistiques, notamment dans le bloc C où des puits de lumière sont magnifiés par des écoulements de gouttes d'eau. La musique est assez rare dans le film, mais adaptée pour soutenir l'ambiance des scènes qu'elle accompagne. Le son est plus question de bruitages et d'échos dans des salles qui résonnent ou des extérieurs dans lesquels la nature nous rappelle qu'elle est en vie. L'interprétation, enfin, est excellente. Particulièrement à mon sens, l'interprétation de Mark Rufallo en tant que second rôle. Au final on a une histoire solide, qui prend aux tripes et qui nous tient en haleine. Vivement recommandé !