vendredi 5 octobre 2018

Atelier d'écriture du 2 octobre 2018

Texte libre sur le thème de l’identité

Bonjour cher lecteur. Tu viens probablement de te réveiller et Niccolo vient probablement de déposer ton petit déjeuner sur le bureau où je laisse aussi, à dessein, ce journal ouvert pour que tes yeux se posent dessus. La chambre où tu te réveilles a été soigneusement vidée du superflu pour ne pas te distraire et la vue sur la mer, sur le ressac incessant en cette partie de la côte devrait te plaire et t’apaiser. Aussi loin que je me souvienne, tu as toujours aimé cette région de la Terre. Je me rappelle d’ailleurs que l’ombre et l’odeur des pins parasols te manquaient, tout comme te manquait la caresse à la fois lisse, rugueuse et craquelée des troncs d’oliviers, durant les années que tu as vécues autour de Saturne. Mais voilà que j’en dis trop.
Je porte des secrets. Certains que je vais te révéler. Et certains qui disparaîtront, pour le bien-être de tous. C’est pour cela que je t’écris, à toi que je connais mieux que toi-même. J’ai commis bien des actes qui me font horreur. Qui font d’ailleurs horreur à beaucoup. Si je te les révélais… ah, si je te les révélais, je ferais le contraire de ce qui nous réunit aujourd’hui, toi en chair et en os, moi en encre et en papier, souvenir déjà disparu ou seulement estompé.
J’ai pris des dispositions pour ton avenir. Tu t’appelleras Giaccomo Calabri et j’ai fait en sorte que tu reçoives une formation professionnelle et un emploi rapidement. Tu disposes par ailleurs d’économies qui t’aideront à vivre même si elles ne t’assureront pas une subsistance pour une vie entière. J’aurais pu te doter plus généreusement mais il n’aurait pas été juste de piocher plus que de raison dans des Trésors, aussi fournis soient-ils, qui ne sont pas à mon nom. Maitre Rossi te fournira les papiers et les conseils utiles. Mais il ne pourra pas te communiquer mon nom. J’ai pris précaution de ne le contacter que via un tiers lui-même contacté par un tiers.
Ce secret que je vais te révéler tu ne dois le révéler à personne. A vrai dire ce secret, tu n’auras toi-même à le porter que brièvement et tu l’oublieras vite. Il ne t’encombrera donc pas durablement. J’ai foi en toi et j’espère que tu as toujours foi en moi. Plus que moi-même. Mes actes passés sont trop lourds pour être pardonnés par les hommes. Et je suis un homme. Je me condamne donc moi-même et la sentence est sans appel : la peine de mort. Enfin, non. Pas totalement sans appel puisque c’est l’entreprise qui nous réunit. La mort véritable, celle du corps, est une notion abjecte dès lors qu’on parle de se la donner intentionnellement. Alors outre la nécessaire altération de mon visage, je choisis la mort de l’esprit. La mort de mon esprit. Et, je suis navré de devoir te condamner aussi, toi dont l’existence est éphémère comme celle d’un papillon. A peine sorti de ta chrysalide et oublieux de ta vie antérieure, tu ne vivras qu’une journée.
La médecine permet aujourd’hui ce miracle d’effacer progressivement les souvenirs. Ce soir… le soir du jour où je t’écris ces mots, les neurochirurgiens effaceront la mémoire de mon vécu. Ce soir… le soir du jour où tu me lis pour la première fois, ils effaceront les traits de caractère forgés par ton vécu : tes excès de dialogue intérieur forgés par une enfance solitaire, ton hésitation constante entre misanthropie et philanthropie forgées par des déceptions et des moments de grâce inattendus. Ton impulsivité aussi à te lancer dans certaines décisions lorsque tu constates ta paralysie à résoudre un dilemme, pour éviter de prolonger ton indécision. Ce soir, le soir d’un jour suivant, une autre partie de toi et de moi disparaîtra afin de laver notre être et de donner vie à un homme nouveau, innocent. Le processus complet dure 7 jours. Une semaine pendant laquelle tu ne manqueras de rien. Embrasse ce processus avec joie ! Pardonne-moi ! Pardonne-toi !

Jeu : chaque participant donne une contrainte pour l’écriture d’un texte

·         Commencer et finir par la lettre B

·         Quelque chose qui roule

·         Une phrase descriptive à la Zola

·         Un personnage dit la phrase « Non ! »

·         Une phrase palyndromique (condition déjà satisfaite par la condition précédente)

·         Un effet de lumière

·         Un objet doit s’envoler

                                                                                    
Barnabé était vêtu de pied en cape. Comme toutes les souris des campagnes, en apercevant les premières gouttes de pluie il avait enfilé ses bottes en plastique brillant rouge, un imperméable jaune à large col et un tricorne rouge. Son frère Liam était décédé récemment et Barnabé venait collecter des effets personnels avant de laisser le reste en libre-service aux autres comme il est de coutume dans les campagnes du nord de l’Angleterre. Arrivant devant la porte, il baissa la tête pour laisser couler les gouttes de son couvre-chef qu’une rafale soudaine emporta trop vite pour le retenir. De ses petites pattes griffues et calleuses, il chassa les dernières gouttelettes, perles de cristal accrochées à sa toison blanche et marron clair. Tombant au sol, elles roulèrent jusque dans un coin où leur fusion créa une petite flaque. Barnabé entra dans le logis. Une éclaircie brève illumina un portrait des deux souriceaux et leurs parents, qui décorait le mur gauche. Au fond de la pièce une table en bois entourée de cinq chaises. Sur chaque chaise, un coussin de coton blanc et rouge passé. Sur l’un d’eux, une tache de sang. « Non ! » s’exclama Barnabé repensant aux dernières semaines. Il jeta son dévolu sur la photo de famille et une statuette de plomb.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire